Pourquoi trop de maisons inachevées à Kinshasa ?

Pourquoi trop de maisons inachevées à Kinshasa ?

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Publié, le 27 juin 2019 | Dans la catégorie Promotions | Temps de lecture 4 minutes et 18 secondes

Bâtie dans une promiscuité qui fâche et qui est à la base de plusieurs fléaux sanitaires, la ville de Kinshasa est en somme une ville type à l’habitat tissé des maisons inachevées. A l’exception des bourgeois postés dans les quartiers huppés de la ville (Ma campagne, Joli parc, Righini, Cité verte, Beaumarchais et Gombe etc.), le commun des mortels kinois habite des maisons qui n’ont pour finition que la toiture. Principales caractéristiques, ces maisons sont sans crépissage, sans couverture murale (peinture, bois, marbre, carreaux), sans faux plafond (ce qu’on appelle à tord plafond à la cité), sans pavement et à la limite sans portes ni fenêtres. 

Chose grave, cette situation d’inachèvement généralisé marche de paire avec la promiscuité. Les parasites de tout genre : souris, punaises, cancrelats, lézards, geckos, s’y invitent. Il n’y a qu’à visiter tous les quartiers autres que ceux énumérés ci-dessus pour s’en rendre compte.

L’Etat congolais brille lui-même par la construction des ouvrages inachevés. L’échangeur de limeté est un cas d’école, parmi tant d’autres. Dans la même cadence, l’Ambassade de la France a laissé aux congolais un chef d’œuvre des inachevés : l’immeuble Regina, polluant, en face de l’immeuble du centenaire, devenu une caserne de la Police Nationale Congolaise qui y loge dans des conditions d’insalubrité qui en disent long sur l’état du pays dans son ensemble. 

1. Les avis des experts

Deux experts se sont livrés à notre rédaction : M. Alpha Memidra EGBANGO, Ingénieur BTP, enseignant et entrepreneur, et M. Rodriguez MWANZA, Ingénieur technicien BTP. Du coup, tous deux sont d’accord que la raison principale qui est à la base des logements inachevés c’est l’insuffisance des moyens. Mais, cette raison semble ne pas être la seule. 

L’ingénieur Alpha Memidra EGBANGO fustige le manque de clarté dans la définition du besoin, l’insuffisance dans la préparation et le manque de réalisme financier de la part des propriétaires. Il est relayé par l’Ingénieur Rodriguez MWANZA, qui pense que le problème est ailleurs. « C’est la sous-estimation des projets de construction. Les gens se lancent dans des constructions avec des moyens qui sont loin de leur permettre de les achever ». 

Le jeune ingénieur ajoute une autre raison : « l’échec patent dans les investissements immobiliers congolais, est aussi dû au fait que les chantiers sont ouverts sans recourir aux techniciens de la construction ». Il y a pourtant intérêt à faire appel à l’expertise appropriée de ces techniciens, aussi bien d’ici que d’ailleurs, tant il est vrai que leurs conseils couvrent toutes les étapes des travaux, à commencer des gros œuvres aux second œuvres. Ceux qui se passent de leurs conseils et expertises se lancent dans des travaux de grande envergure avec une enveloppe qui ne leur permet pas d’atterrir avec. Fort de sa longue et richissime expérience dans le domaine, Alpha Memidra EGBANGO affirme que « la tendance courante au Congo Kinshasa est de se confier à quelqu’un de sous-qualifié dans l’espoir de payer moins cher les prestations ». 

2. Mais que faut-il faire ?

Les maisons inachevées qui existent à Kinshasa sont déjà un problème. Le coût de leur viabilisation est tellement élevé qu’il échappe à la bourse individuelle. Il revient à notre rédaction que les spécialistes de la construction ; toutes filières confondues, ont présenté et continuent à présenter chaque année des projets portant sur la réfection de l’habitat kinois. Le comble cependant est que ces projets sont en quête des financements qui se font attendre jusqu’à ce jour. L’Ingénieur Rodriguez MWANZA affirme même que les étudiants finalistes dans le domaine de la construction et du bâtiment élaborent des travaux très fournis, qui malheureusement moisissent dans les bibliothèques de leurs institutions respectives, sans connaître la moindre mise en valeur. On est là alors en face d’un véritable défi. 

Par-dessus tout, les responsabilités sont partagées. L’Etat a une grande responsabilité, mais aussi les particuliers. L’Etat se doit de mettre en place  une politique urgente de modernisation de l’habitat, surtout de veiller à la mise en application de ladite politique. Les particuliers quant à eux, devraient s’exercer à nous épargner ce spectacle désolant des projets immobiliers en total déséquilibre avec les moyens de leur mise en exécution ! 

Recourir aux spécialistes est une recommandation des plus en vue. Elle offre l’avantage d’avoir une évaluation réaliste du coût de l’ouvrage en fonction de sa destination, du choix de son emplacement, son confort et son intégration dans l’environnement urbain, et de multiplier dans la ville des maisons construites jusqu’à la finition. Le choix d’un prestataire qualifié pour la gestion de votre projet et la définition claire des termes d’engagement sous forme de contrat avec ce dernier s’impose. Autrement, Kinshasa est condamnée à rester au monde un très mauvais exemple des logements inachevés. On est tous interpelé.  

 

Rémerciemments : Ir Rodriguez Mwanza et Ir Alpha Memidra Egbango. 

 

Auteur : Divin Patrick Kabandika | Copyright : Immordc.net - Octobre 2011 | Crédit photo : zoom-eco.net

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